Le jeudi 11 avril dernier se tenait, à l’École Hôtelière Sainte-Thérèse (EHST) de Paris, le vernissage de l’exposition « L’Art dans L’assiette ». Les artistes, douze élèves de la classe de Première Bac Pro Cuisine de l’École, ont transposé un tableau choisi (œuvres d’art classiques ou modernes allant jusqu’au street art) dans leurs réalisations culinaires. Ces créations, merveilleusement photographiées par la photographe Laurence Godart, ont donc été présentées au restaurant d’application de l’École.
Soutenu par la Fondation Foujita et la Fondation d’entreprise Hermès, ce projet a été pensé par Eric Fardel, directeur délégué de l’EHST, qui Lors de travaux pratiques, avait constaté que les assiettes des élèves manquaient d’esthétisme et de créativité. Or, cette qualité, essentielle en école hôtelière, est difficile à transmettre, mais peut s’acquérir à travers une démarche artistique. Le projet « L’Art dans l’Assiette » répondait donc à des objectifs éducatifs et pédagogiques : ouvrir les élèves à l’art en les initiant à une activité artistique et leur permettre de mesurer l’importance de l’art dans leur milieu professionnel et dans leur vie personnelle.
Encadrés par M. Piquet-Caron, enseignant-formateur de cuisine, et de Mme Godart, artiste-photographe, les élèves ont suivi des cours théoriques pour s’initier à l’art de l’École du Bauhaus. Celle-ci est surtout connue pour ses réalisations en matière d’architecture et a exercé une forte influence dans le domaine des arts appliqués, à travers les objets usuels qu’elle a façonnés. Son fondateur, Walter Gropius, annonce la vocation de l’École en ces termes : « Le but de toute activité plastique est la construction ! […] Il n’existe aucune différence essentielle entre l’artiste et l’artisan. […] Voulons, concevons et créons ensemble la nouvelle construction de l’avenir, qui embrassera tout en une seule forme : architecture, art plastique et peinture. »
Dans un premier temps, chaque jeune a dû sélectionner une œuvre parmi un panel de tableaux. Le Coq de Léonard Foujita, La Méduse du Caravage ou encore Les Tournesols de Van Gogh étaient notamment au programme. Une fois le tableau choisi, ils ont ensuite imaginé et dessiné leur assiette en structurant leurs idées par écrit.
Lors du vernissage, Yoann nous explique son choix, non sans émotion : « Ce tableau [Nymphéas rouges de Monet] était parmi les premiers présentés, quand je l’ai vu j’ai tout de suite dit : « je veux celui-là ». Il me rappelle les balades au parcs que nous faisions avec mère »
En plus de leur permettre de développer leur créativité et leur talent, cette exposition est source de grande fierté pour chacun des élèves, comme nous le confie Enzo : « C’est sympa de leur part de nous avoir permis de participer à ce projet, de nous avoir faire confiance. Ça nous fait de nouvelles expériences, et puis, voir les gens que je ne connais pas regarder mon travail et dire que c’est bien, c’est sympa ! Ça donne confiance en soi ! »
Robin, également présent, ne cache non plus son enthousiasme : « Ça fait plaisir de se voir afficher, ça gène un peu, mais ça rend fier ! C’est du travail, on y a mis du nôtre pour le réaliser. Ça m’apporte beaucoup de fierté de me dire qu’avec le budget raisonnable qu’on avait, on a quand même réussi à faire des choses bien »
Tout au long du vernissage, le dynamisme de ces jeunes élèves, passionnés par ce qu’ils font, est frappant. Tous apparaissent heureux de pouvoir travailler dans un domaine qui les passionne. La mère de l’un d’eux, présente ce soir-là, confie : « Mon fils ne savait pas quoi faire, je le poussais pour qu’il trouve quelque chose. Son frère travaille dans la restauration alors un jour il a essayé lui-aussi. Au début, il n’aimait pas, et puis, au bout d’une semaine il m’a dit « maman, c’est bon, j’ai trouvé ce que je voulais faire » », elle continue, « Il est assez introverti de nature mon fils, il ne parle pas trop. Quand je le vois là, entouré de ses camarades, à rire, je me dis que cette formation lui apporte vraiment beaucoup »
