Les établissements de protection de l’enfance d’Apprentis d’Auteuil en Ile-de-France se sont unis pour ouvrir un parcours de découverte des métiers du social.
En partenariat avec le CFC Ile-de-France et France Travail (financement au titre du dispositif POEI/Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuelle), ce parcours, d’une durée de 3 mois, a commencé le 18 mars dernier et prendra fin le 12 juin prochain. Il permet d’acquérir les compétences et expériences de base des métiers de l’éducatif et a lieu au sein même d’établissements de protection de l’enfance de la fondation.
Alors que la période est difficile pour le secteur du social qui peine à recruter des collaborateurs, une initiative voit le jour à la Fondation. D’abord mise en place au Château des Vaux, elle se décline en 2024 à la région Ile-de-France.
L’idée est la suivante : proposer à des personnes à la recherche d’un emploi une porte d’entrée dans les métiers du social. Aller chercher des personnes avec un autre bagage, d’autres compétences, et leur proposer de les mettre au service de ces métiers.
La Préparation Opérationnel à l’Emploi Individuelle au métier d’éducateur
C’est ainsi que 11 personnes ont été sélectionnées pour démarrer cette POEI (Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuelle) pour le métier d’éducateur.
Le parcours, d’une durée de 3 mois, est composé de six semaines d’apports théoriques et six semaines de stage. Ces derniers sont réalisés dans différents établissements d’Apprentis d’Auteuil Ile-de-France : la MECS Saint-Esprit d’Orly (94), la MECS Sacré Cœur de Thiais (94), la MECS Saint-Philippe et le SAU de Meudon (92), la MECS Saint-Jean de Sannois (95), ou encore la MECS Saint-Pie X de Domont (95).
Les apports théoriques sont dispensés au siège d’Apprentis d’Auteuil et abordent différents sujets. L’aspect législatif de la Protection de l’Enfance, la composante psychologique des besoins de l’enfant en sont des exemples. « Tout est toujours illustré, raconte Nicolas, stagiaire de la POEI, c’est très vivant et ponctué d’anecdotes concrètes vécues par nos formateurs. »
Des chefs de service et des psychologues sont présents pour les soutenir dans cet apport théorique. De même, des tuteurs, issus de leurs établissements d’affectation leur sont attribués pour les guider au mieux. Caroline Maigné, Responsable du Pôle Sourcing et Accompagnement du CFC Ile-de-France, se rend également disponible pour aider les stagiaires à lever de potentiels « freins périphériques », qui pourraient entraver le bon déroulement de leur parcours (problèmes administratifs, de financement…)
Au terme de cette POEI, et s’ils le souhaitent, un CDI ou un CDD de 12 mois minimum leur sera proposé. L’idée pour eux étant d’acquérir un maximum d’expérience pour prétendre, par la suite, à une VAE (Validation des Acquis de l’Expérience), afin de devenir moniteur éducateur ou éducateur spécialisé.
Un fort attrait pour les métiers du social
« J’ai toujours été attirée par les métiers du social. Quand j’ai regardé l’annonce sur France Travail, ça m’a capté tout de suite. » Raconte Hasnaa, 42 ans, actuellement engagée dans la POEI.
Titulaire d’une licence en science de l’éducation, celle-ci a une belle expérience dans les métiers de l’éducatif et de l’accompagnement. « J’ai été assistante AESH, conseillère France Travail (anciennement Pôle Emploi), assistante maternelle, employée de vie scolaire… » Pour elle qui souhaitait s’engager dans un parcours d’éducatrice, cette POEI tombait à point nommé : « C’était une belle opportunité pour moi de pouvoir suivre une formation de 3 mois, cumulé avec de la pratique concrète en établissement. »
« Les formateurs sont excellents, continue-t-elle, le fait qu’ils aient tous précédemment exercés en MECS ou dans d’autres établissements est un vrai plus. Ils savent comment ça se passe, et ils connaissent les différents directeurs et les équipes. C’est de l’interne, c’est super en terme de suivi. »
Pour Nicolas aussi, la volonté de devenir éducateur ne date pas d’hier : « Ça fait quelques temps que j’avais envie de ça. […] J’ai passé une licence en sciences de l’éducation, j’avais tenté une licence de moniteur éducateur il y a 20 ans mais ça n’avait pas abouti. C’est vraiment quelque chose qui a toujours suscité de l’intérêt chez moi. » Restaurateur à Saint-Leu-la-Forêt, il met actuellement son restaurant en vente pour se lancer dans le monde du social.
Une formation immersive
« La formation est très enrichissante, immersive à un point que je n’imaginais pas ! raconte Nicolas, On est aux côtés des éducateurs, des chefs de service, on n’est pas juste observateurs, on prend déjà part à la vie de la structure »
« J’ai pris plus confiance en moi » note Sylvianne à qui le côté immersif de ce parcours a permis de mieux s’épanouir.
« C’est important que vous soyez confronté à la réalité du métier d’éducateur. Il ne faut pas hésiter à être en demande » leur rappelle Stéphane Le Troquer, coordinateur du projet, lors d’une rencontre collective.
Être en demande, c’est ce qu’a fait Nicolas: « Je suis allé voir ma chef de service pour lui dire que je souhaitais prendre part à certaines choses de la vie de l’établissement. Elle m’a ainsi convié à une rencontre médiatisée parents-enfants […] J’ai pu voir ma chef de service orchestrer la rencontre, et moi-même prendre part à cela. »
« Être sécurisé pour être sécurisant »
« Quand on revient en cours, on a beaucoup à raconter, on a besoin de faire des retours sur une pratique qui est toute nouvelle pour nous tous » continue Nicolas.
En effet, après une semaine sur le terrain, les 11 stagiaires se retrouvent pour une nouvelle semaine d’apports théoriques. L’occasion pour eux de débuter, le lundi, par un tour de table où chacun peut apporter ce qu’il a vécu de beau, comme de plus difficile la semaine précédente.
« Lâchez tout ce que vous avez à lâcher » les invite Stéphane Le Troquer.
Une des stagiaires prend alors la parole, très émue. Elle a été confrontée à une situation difficile dans la semaine avec un jeune. Elle est écoutée et conseillée par les formateurs autour de la table, ainsi que par les autres stagiaires. « Ça fait du bien ces temps d’échanges entre nous, dit-elle, c’est vrai qu’il y a des moments pas faciles, mais il y en a tellement d’autres qui sont beaux. C’est ça qui donne envie de continuer. »
« L’idée c’est d’être sécurisé ici pour être sécurisant sur le terrain, explique Nicolas, ces temps entre nous [de regroupement], ça permet de s’exprimer, de progresser, pour pouvoir retourner sur site avec de nouvelles connaissances »