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Les CM1 de l’école Poullart des Places (94) se mobilisent contre le harcèlement scolaire !
Le vendredi 7 novembre dernier, les élèves de la classe de CM1 de l’école Poullart (Orly, 94) des Places se sont mobilisés pour dénoncer le harcèlement scolaire. Accompagnés par leur enseignante et leur éducatrice, les jeunes ont réfléchi à de courtes scènes de théâtre autour de cette problématique qu’ils ont ensuite jouées pour toutes les classes de l’école. À la suite de chacune de leurs prestations, un débat était organisé entre élèves, animé par les CM1. L’objectif : leur permettre de s’exprimer et de dénoncer ce fléau, tout en sensibilisant leurs camarades.
Retour sur cette initiative portée par deux enseignantes et une éducatrice scolaire.
« Ça va faire deux ans qu’on organise ça, explique Bénédiction Sultan, enseignante en EPS à l’école Poullart des Places et porteuse du projet. Cette année, la classe de CM1 est plus complexe, les jeunes de cette classe ont du mal à vivre ensemble, les relations ne sont pas au beau fixe… Avec mes collègues Stéphanie Malheiro, éducatrice scolaire, et Flora Ruo-Berchera, enseignante, on a décidé que ce serait eux, cette année, qui travailleraient sur cette thématique du harcèlement. L’idée était de dynamiser la classe et de faire en sorte qu’ils travaillent ensemble sur un projet commun »
C’est ainsi que les 12 élèves de CM1 se sont rassemblés pour imaginer des scènes de harcèlement scolaire afin de dénoncer ce fléau qui en 2025 touchait encore 35% des élèves de primaire et de collège et 37% de lycéens*.
Le vendredi 7 novembre dernier, de 9h30 à 12h30, ils ont présenté leur travail aux différentes classes de l’établissement, à tour de rôle. En fonction de l’âge des élèves spectateurs, les scènes étaient adaptées. Pour les petits de maternelle et de CP, les scènes pouvaient par exemple porter sur un vol de goûter, quand, pour les plus grands, les scènes tournaient plutôt autour de harcèlement moral à travers des insultes régulières, un pantalon baissé en public…
« Il avaient envie de traiter tous les types de harcèlement : humiliations, harcèlement sexuel, racket… Ce sont eux qui ont imaginé toutes les scènes. Ils se sont répartis les rôles en tournant, ce n’étais pas toujours le même jeune qui jouait l’enfant harcelé. Le rôle de l’adulte dans ces situations a également été travaillé » explique Bénédicte Sultan
Des échanges riches et profonds entre jeunes
À la suite de chacune de ces scènes de théâtre, un temps d’échanges et de débat était animé par ces jeunes de CM1 (et encadré par leurs accompagnatrices). Du côté des plus petits, on cherchait plutôt à comprendre le harcèlement, qu’est-ce que le racket ? « Ça fait peur… Il faut le dire à un adulte parce qu’on a peur » pouvait-on entendre de leur part.
Pour les plus grands, ce temps de partage fut l’occasion d’échanges intéressants entre eux. « Pourquoi est-ce qu’on accepte de se faire harceler ? » demande l’un des jeunes. « C’est parce que t’es faible » rétorque un autre. « Pas du tout, renchéri le jeune Jackson, c’est ceux qui harcèlent qui sont faibles. Ils sont faibles parce qu’ils se mettent à plusieurs sur une seule personne. Quand on est harcelé ça ne veut pas dire qu’on est faible mais simplement qu’on est trop mal à un certain moment pour réagir. »
« Ça a été l’occasion de détailler le profil des jeunes qui se font généralement harceler, explique Bénédicte Sultan. On s’est rendu compte que ce ne sont pas forcément des enfants timides comme on l’imagine, mais dans bien des cas des enfants plutôt « leader ». »
Ces temps d’échanges ont également permis de donner la parole à des élèves ayant eux-mêmes été victimes de harcèlement dans leurs anciens établissements.
Des affiches et des bracelets pour porter la parole plus loin
Parallèlement à cette initiative, Flora Ruo-Berchera a proposé aux jeunes de CM1 de réaliser des affiches de prévention, mentionnant le numéro d’aide contre le harcèlement. Celles-ci ont été affichées sur les murs des couloirs de l’établissement.
Enfin, des bracelets verts ont été donnés à tous les jeunes et adultes présents ce jour-là. « Le vert est la couleur de lutte contre le harcèlement, explique Bénédicte Sultan, l’idée était de faire parler autour d’eux, d’attiser la curiosité des gens qui pourraient leur demander pourquoi ils portent ce bracelet. Ça permet de distiller l’info même en dehors de l’événement, pour les enfants comme pour les adultes. »
« C’était très intéressant que tout parte d'eux, continue-t-elle, de leur donner envie de parler de ce sujet, du harcèlement. On leur a laissé quartier libre sur le moyen d’expression et tous ont eu envie de faire du théâtre. Tout part de ce qu'ils ont eu envie de faire et de montrer.
Chaque année, ils ont quand même une base, en tant que référente harcèlement et EARS, je les sensibilise, ils savent qu'ils peuvent parler de leurs émotions, qu’ils ont le droit de dire les choses. C’est important de pouvoir mettre le doigt sur le harcèlement, savoir ce que c'est »